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LE GUIDE.


Il est plus difficile de fixer son jugement sur les ouvrages du Guide que sur ceux des autres grands peintres : pendant quelque temps l’École française le regarda comme le peintre le plus parfait : aujourd’hui peut-être on ne lui rend pas assez de justice. Il a eu plusieurs manières opposées ; il a fait des tableaux avec le plus grand soin ; il en a fait de négligés ; il a beaucoup travaillé pour sa réputation, beaucoup pour réparer promptement les pertes qu’il faisoit au jeu. Souvent sa couleur est mâle et vigoureuse ; ses travaux d’Hercule ont de la force et de l’énergie ; son Massacre des Innocens, de la chaleur et de l’expression ; son tableau de St. Pierre, qui est à Bologne, est d’une extrême vérité ; dans celui de l’Enlèvement de Déjanire, il joint la noblesse et l’expression au plus riche coloris : mais quoiqu’il ait fait quelques ouvrages dans une manière vigoureuse, il en a fait bien davantage encore dans un ton doux et clair ; la force et l’expression ne sont pas les qualités qui le distinguent. Un des caractères les