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chalumeaux une vaste et riche campagne ; c’est Orphée charmant les Nymphes des bois par les doux accords de sa lyre, et qui ne s’aperçoit pas que sa chère Euridice est blessée par un serpent ; Euridice dont le destin funeste réveille toutes les idées que l’harmonie et l’âme de Virgile ont rendues si touchantes. Dans l’un de ses tableaux, on voit le corps de Phocion porté avec ignominie loin des terres d’une ville ingrate, dont ce héros fut long-temps l’amour, l’orgueil et la défense ; dans un autre, une femme de Mégare recueille avec respect les os calcinés de cet illustre citoyen, afin de les porter, et de les conserver religieusement dans ses foyers : vaste matière aux réflexions sur la faveur populaire, sur les hautes fortunes et même sur les hautes vertus. Il a peint dans le Paradis Terrestre la Nature vierge et fortunée, parée de toute la pompe et de tout l’éclat de ses innombrables richesses : dans son fameux tableau du Déluge, avec quelles couleurs funèbres il offre la terre malheureuse frappée du courroux du Tout-Puissant, et sur le point d’être ensevelie sous l’abîme fangeux des eaux.

Eh ! qui prouve comme lui que l’âme seule place au premier rang dans la peinture ? Qui