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convient parfaitement à la sévérité de son style. Les Hébreux sont de tous les hommes de l’antiquité ceux qu’il a le mieux peints : soit par les ajustemens, soit par l’expression et le caractère du dessin, il a rendu mieux qu’aucun peintre l’austère simplicité de ce peuple religieux ; on pourroit dire même qu’il a donné quelque chose d’hébraïque à tous les peuples qu’il a peints. On voit peu de grands tableaux de lui, parce qu’il trouva rarement l’occasion d’en faire ; cependant celui qui représente le Temps enlevant la Vérité, et celui de St. François Xavier rappelant à la vie une jeune Japonaise, prouvent assez qu’en offrant sur de grands espaces l’abondance et la beauté de ses pensées, il fût devenu aussi célèbre qu’il l’a été en peignant sur des toiles de moyenne proportion, devenues vastes par le pouvoir de son art. Il a eu différentes manières de peindre, il les varioit même selon les sujets qu’il traitoit : son pinceau a été plus ferme et hardi que doux et moelleux ; son tableau de la Manne dans le Désert, est de sa plus parfaite manière : c’est aussi dans toutes ses parties un de ses plus admirables ouvrages.

Ô regrets ! ô révolution cruelle qui porta