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LE POUSSIN.


Les amateurs des arts ne peuvent entendre prononcer le nom du Poussin, sans éprouver un sentiment de respect et de vénération. Il est le premier des peintres Français dont la statue ait été placée parmi celles des hommes célèbres qui ont honoré la France ; et sans injustice on ne pouvoit accorder cet honneur à un autre peintre avant lui ; les circonstances l’ont empêché long-temps de faire connoître son génie, et s’il fût mort à quarante ans, sans doute il fût mort ignoré ; mais depuis qu’il put se fixer à Rome et s’y livrer à sa passion pour l’étude, rien ne l’empêcha plus de mûrir, de perfectionner son rare talent : il ne fut point distrait par une mauvaise santé, par l’amour des richesses, ni par le désir des places, ni par le tourbillon fatigant du monde ; solitaire, pendant une longue vie, dans le pays le plus favorable aux arts, il a constamment suivi son but, celui de faire de beaux tableaux.

On pourroit le comparer à Turenne ; l’un fut peintre, comme l’autre fut général : tous