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Les rainettes et les mulots dans leurs tanières
Dorment au bercement du très vague roulis
Qu’impriment aux flots les haleines printanières.

Sur la brande où, le soir, valsent les lorelys,
L’ombre s’étend. Nulle clameur. Plus de murmures,
Sinon, dans les roseaux, la plainte des courlis.

C’est l’heure où, délaissant les secrètes ramures,
Et la grotte aux arceaux de lierre et de houblons,
Les mantes aux buissons viennent cueillir des mûres.

En robe blanche, par les prés et les vallons,
Elles descendent vers le marais fatidique
Et, sur ses bords fleuris, peignent leurs cheveux longs.

Court mirage ! Soudain, la vision pudique
S’évanouit, pareille aux feux follets trompeurs
Et déserte l’étang qu’une lueur indique.