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De l’oliban gardé pour les Noces mystiques,
Du cinname épandu sur d’ineffables lits,
Du nard dont s’enivrait l’Épouse des Cantiques,
Flottent sur votre front les baumes affaiblis.

Loin des transports menteurs dont l’ivresse nous fraude,
Vous surgissez au fond des cieux resplendissants,
Parmi les ostensoirs incrustés d’émeraude
Et les cierges pascals tachés de grains d’encens.

Sous le brocart rigide et lourd de pierreries,
Vos bras pour la prière entr’ouverts lentement,
Dans le cadre léger des ogives fleuries,
Se tendent en un geste indécis et charmant.

Et, calme, en attendant le dieu promis, sans trêve,
Morte pour le désir avant d’avoir aimé,
Sur les vitraux dorés vous lisez votre rêve
Et votre cœur s’endort comme un jardin fermé.