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Les électeurs de la Meurthe et de la Moselle
Curés, pacants, bourgeois au gants de filoselle,
Mastroquets, tenanciers de lupanars aussi,
Les électeurs de Toul, de Briey, de Nancy,
Marguilliers sur leurs baucs et maçons dans leurs loges,
Se désopilent à déraciner les Vosges.
Car, tandis que Drumont, en Alger, fait florès,
La Moire, le Destin, l’Anankè sur Barrès
Exercent des rigueurs à nulle autre pareilles.
En vain il rebattit sans pudeur nos oreilles
De la Lorraine (cet Auvergnat !) du drapeau
Et de Hegel, les électeurs disent : « La peau ! »
Ô comble de misère ! douleur forcenée !
Pendant quatre ans encor, nous verrons des Journées
Parlementaires et les articles mordants
Où l’intellectuel aux mâchoires sans dents
Exhale, chaque soir, âme de griefs pleine,
Sa rancune et le faguenas de son haleine.