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en ma faveur, me disculpant aux regards des vieilles dames et de ma tante Jean Lorrain.

Quelques lectrices (disons, pour n’exagérer point, une demi-douzaine) veulent bien me reprocher le manque d’urbanité de ma polémique, et surtout, proh pudor ! les termes que j’emploie. D’après elles, on compromet, par de telles violences, plutôt que l’on ne sert, la justice et la vérité. Les gros mots ne conduisent à rien, pas même au style académique. Ne pourrait-on, en un langage plus civil, dire les mêmes choses, édulcorer par un sucre de bienséances l’âpreté des invectives, la haine, et le dégoût ?

À dire le vrai, l’objection m’échappe absolument.

Elle eût consterné les écrivains les mieux famés des âges classiques : et Montaigne, et Pascal, et Molière et Saint-Simon. Je ne pense pas qu’il soit utile d’être mieux appris que M. de Voltaire pour abominer Rochefort ou sabouler Gaston Méry. La pudeur contemporaine, à