Page:Tailhade - À travers les grouins, 1899.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

féroces ou idiots, tu les perpétueras dans le crime et la stupidité. Salut, dernier Christ de la bêtise humaine ! Maître des cœurs tremblants et des fronts aplatis. Dieu des bûchers, du Sacré-Cœur et des Pères de Lourdes, je vénère en toi maints siècles de cannibalisme ou d’abrutissement. Je t’asservirai mes peuples, je t’approvisionnerai d’inquisiteurs. Voici Drumont le cambrioleur et le boucher Cassagnac, mulâtre baptisé. Salut à toi, Jésus !

— Pour voler cette pécune, dit Balthazar, en faisant rouler sur les dalles pièces et lingots d’or, mes Tatars ont dévasté la plaine, incendié les maisons et saccagé les forteresses. Au galop de nos chevaux, la terre frémissait, les astres tombaient des cieux. Mes fils travailleront pour toi, depuis Attila, maître des Huns, jusqu’à Napoléon, le bandit corse, voleur de consciences et cambrioleur de cités. La souillure militaire dégradera, pour te les soumettre, les races libres et fières, empoisonnera de chancres irréductibles les esprits et les corps. Mes casernes protégeront les cathédrales, et tes couvents, et tes gymnases. Le sabre de mes pandours favorisera les déprédations de tes ministres. D’un commun accord, nous installerons dans le monde la bassesse, la couardise et la terreur ; nous jetterons la nuit