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LES MAGES AU BERCEAU

(CONTE POUR LE JOUR DES ROIS)


À mon cher maître, Jacques de Boisjolin.



En ce temps-là Jésus continuait à naître depuis dix-neuf cents années. Sur le chemin de son étable, des andouilles par monceaux et des tripes en charnage, et des lampions versicolores manifestaient la dévotion catholique. Par un miracle inouï, portenteux et spectaculaire, une allégresse frénétique s’emparait du monde civilisé, avec la rigueur d’une échéance et l’ébriété d’un carnaval. C’était plus drôle que Gauthier-Villars faisant des calembours sur Beethoven, plus hilarant que Gyp, reprochant à Israël d’avoir le nez tortu.

Par les chemins durcis de glace et les bois aux pendentifs