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III


Au matin, je jetai mon filet dans la mer.

J’arrachai du sombre abîme d’étranges merveilles : les unes brillaient comme un sourire, d’autres scintillaient comme des larmes et d’autres étaient rougissantes comme les joues d’une jeune épousée.

Quand, chargé de mon précieux fardeau, je revins à la maison, ma bien-aimée était assise dans le jardin et nonchalamment effeuillait les pétales d’une fleur.

J’hésitai un instant, puis je plaçai à ses pieds tout ce que j’avais arraché à la mer et je restai là silencieux.

Elle y jeta un regard et dit : Quelles sont ces choses étranges ? À quoi peuvent-elles servir ?

De honte, je baissai la tête et je pensai : Je n’ai pas lutté pour obtenir ceci ; rien de tout cela n’a été acheté sur le marché ;