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fermais les portes pour que la lumière trop vive n’offusque pas ses yeux.

Je la baisais doucement sur les lèvres et lui murmurais à l’oreille de douces paroles ; elle défaillait presque de langueur.

Elle était comme perdue dans le brouillard d’une immense et vague douceur.

Elle ne répondait pas à la pression de mes mains ; mes chants ne pouvaient plus l’éveiller.

Ce soir, nous est venu l’appel de l’orage, l’appel des sauvages éléments.

Ma petite épouse a frissonné ; elle s’est levée et m’a entraîné par la main.

Sa chevelure flotte ; son voile bat dans le vent, sa guirlande frémit sur sa poitrine.

La poussée de la mort l’a rejetée dans la vie.

Nous voilà face à face et cœur à cœur, mon épouse et moi.