Page:Tagore - Le Jardinier d’amour, 1920.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LXXIII


Ô Terre, ma patiente et sombre mère, ta richesse n’est pas infinie.

Tu te fatigues à nourrir tes enfants ; mais la nourriture est rare.

Les joies que tu nous offres ne sont jamais parfaites.

Les jouets que tu fabriques pour tes enfants sont fragiles.

Tu ne peux satisfaire nos insatiables espoirs ;… te renierai-je pour cela ?

Ton sourire assombri par la douleur est doux à mes yeux.

Ton amour, qui ne connaît pas d’accomplissement, est cher à mon cœur.

Ton sein nous a nourris de vie, non d’immortalité ; c’est pourquoi tu veilles sur nous.

Depuis des siècles, tu composes des harmonies de couleurs et de chants et, cepen-