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LXXII


En des journées de dur labeur, j’édifiai un temple. Il n’avait ni portes ni fenêtres ; ses murs étaient épais et construits en pierres massives.

J’oubliai tout le reste ; je délaissai tout le monde ; je restai en contemplation devant l’image que j’avais dressée sur l’autel.

L’incessante fumée de l’encens enveloppait mon cœur de ses lourds replis.

J’occupai mes veilles à graver sur les murs un dédale de formes fantastiques : chevaux ailés, fleurs à visages humains, femmes aux formes de serpents.

Nulle ouverture ne fut laissée par où pût entrer le chant des oiseaux, le murmure des feuilles ou le bourdonnement du village au travail.

Seules mes incantations faisaient résonner les sombres voûtes du dôme.