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troupeaux sont retournés aux étables de leurs villages.

L’obscurité croît ; la campagne et le ciel s’effacent et nous ne pouvons distinguer notre route.

Tout à coup, tu m’appelles et me souffles à l’oreille : « Qu’est cette lumière, là près de la rive ? »

Au même instant éclate un hurlement furieux et des ombres s’avancent vers nous, en courant.

Tu te blottis dans ton palanquin et murmures les noms des dieux.

Les porteurs, tremblants d’effroi, se cachent dans le taillis épineux.

Et moi je te crie : « N’aie pas peur, mère, je suis là ! »

Armés de longs bâtons et les cheveux épars, les assaillants se rapprochent.

Je m’écrie : « Garde à vous, scélérats ! Encore un pas et vous êtes morts ! »

Leurs hurlements reprennent et ils se lancent en avant.

Tu étreins mes mains et me dis : « Oh ! mon fils, au nom du ciel, ne t’approche pas d’eux ! »

Et moi : « Mère, tu vas voir ce que je ferai. »

Alors j’éperonne mon cheval et le lance au galop.