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Mon oncle courra à ma rencontre en disant : « Tu vas te perdre, mon garçon, laisse-moi te porter. »

Je lui répondrai : « Mais ne voyez-vous pas, mon oncle, que je suis aussi grand que Père ? Je veux aller à la foire tout seul. »

Mon oncle dira alors : « Oui, il peut aller où il veut maintenant, il est un homme. »


Voilà ma mère qui revient du bain ; je suis en train de donner de l’argent à ma bonne, car je sais ouvrir la caisse avec ma clef.

Maman s’écrie : « Mais de quoi te mêles-tu, petit sot ? »

Je lui réponds : « Mère, ne sais-tu donc pas que je suis aussi grand que Père et que je dois régler les comptes avec ma bonne ? »

« Il peut en effet », se dit-elle, « donner de l’argent à qui lui plaît, car c’est un homme. »


Aux vacances d’octobre, mon père reviendra à la maison et, me croyant encore un bébé, il m’apportera de la ville des petits souliers et de petites tuniques de soie.