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Maman, si tu le veux bien, j’aimerais être le passeur du bac quand je serai grand.


On dit qu’il y a des mares curieuses cachées derrière ces hauts talus.

Là, des troupes de canards sauvages se réunissent après la saison des pluies, là, des fourrés de roseaux croissent au bord des étangs et les oiseaux aquatiques y déposent leurs œufs.

Là, des bécasses aux queues frétillantes laissent l’empreinte de leurs petites pattes sur la boue molle et propre.

Là, les hautes herbes invitent les rayons de la lune à se laisser bercer sur les touffes ondulantes de leurs blanches fleurs.

Maman, si tu le veux bien j’aimerais être le passeur du bac quand je serai grand.


Je ferai la traversée sans cesse d’une rive à l’autre et les garçons et les filles du village, en se baignant, me regarderont bouche bée.

Quand le soleil remonte au haut du ciel, quand le matin cède la place à midi, j’accourrai vers toi en disant : « Maman, j’ai faim ! »