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Alors, ils sourient, flottent et passent.

Mais je connais un jeu plus joli que celui-là !

Je serai le nuage et toi tu seras la lune.

Je couvrirai ton visage de mes deux mains et le toit de notre maison sera le ciel bleu.

Ceux qui vivent dans les flots m’appellent :

« Nous chantons du matin au soir ; nous avançons toujours, toujours, sans savoir par où nous passons. »

Je demande : « Mais comment vous rejoindrai-je ? »

« Viens », disent-ils, « viens jusqu’au bord de la plage, tiens-toi debout, clos tes yeux et tu seras emporté sur les vagues. »

Je réponds : « Mais ma mère ne saurait se passer de moi, chaque soir ; comment pourrais-je m’en aller et la laisser ? »

Alors, ils sourient, dansent et s’éloignent.

« Mais je connais un jeu plus amusant que celui-là !

« Je serai les vagues et toi tu seras une plage lointaine.

Je roulerai, roulerai, et comme une vague qui se brise, mon rire fusera contre tes genoux !

Et personne au monde ne saura où nous sommes toi et moi. »