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et quand ils me demandent qu’est-ce que je veux, je baisse les yeux sans répondre.

Oh ! comment, en vérité, pourrais-je leur dire que c’est toi que j’attends et que tu m’as promis de venir. Comment, par pudeur, leur avouerais-je que j’ai pris cette pauvreté pour douaire. Ah ! j’étreins cet orgueil dans le secret de mon cœur.

Je suis assise dans l’herbe et contemple le ciel, et rêve à la soudaine splendeur de ta venue — tout en flammes, des ailes d’or battant autour de ton char, et eux sur le bord de la route, bouche bée à te voir descendre de ton siège, me ramasser dans la poussière et asseoir à ton côté cette pauvre fille en haillons, de honte et d’orgueil toute tremblante, comme une liane dans la brise d’été.