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pratique utilité ; la voici devenir aussitôt l’emblème du loisir et du repos. Ainsi ce même objet par quoi l’activité sans fin se manifeste est, d’autre part, la parfaite expression de la paix et de la beauté. »

Et nous retrouvons ici cette vieille distinction que Schopenhauer établissait entre ce qu’il appelait le motif et le quiétif.



Certes, de reconnaître cette dualité constante, c’est déjà beaucoup. Mais Tagore prétend atteindre au delà de la Maya à une félicité supérieure, car, dit-il encore dans le Sadhana, « ce côté de notre existence qui fait face à l’infini n’aspire point à l’opulence mais à la liberté, à la joie. Là cesse le règne de la nécessité et là notre fonction n’est point de posséder mais d’être. D’être quoi ? D’être un avec Brahma, car la religion de l’infini est la religion de l’unité ; c’est pourquoi nous lisons dans les Upanishads : « Celui qui comprend Dieu devient vrai. » C’est ici le lieu du devenir et non plus de la possession. La signification des mots, une fois que tu les connais, n’augmente point leur grosseur, mais alors les