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Car, dit-il, dans la préface du livre où l’on a recueilli ses leçons :

« Pour les Occidentaux qui étudient les vénérables écrits religieux de l’Inde, ces textes ne paraissent présenter qu’un intérêt purement rétrospectif et archéologique, mais pour nous ils sont d’une vitale importance. »

Ce que j’admire ici, ce qui m’emplit de larmes et de rires, c’est l’animation passionnée de cette poésie, qui fait de l’enseignement brahmanique — on eût pu croire si intellectuel, si abstrait — quelque chose de frémissant, de pantelant, à la manière d’une phrase du Mystère de Jésus de Pascal — mais ici frémissant de joie.


Que tous les accents de la joie se mêlent dans mon chant suprême — la joie qui fait la terre s’épancher dans l’intempérante profusion de l’herbe ; la joie qui, sur le large monde, fait danser mort et vie jumelles ; la joie qui précipite la tempête — et alors un rire éveille et secoue toute vie ; la joie qui repose quiète parmi les larmes dans le rouge calice du lotus douleur ; et la joie enfin qui jette dans la poussière tout ce qu’elle a et ne sait rien.


Cette joie naît toute naturelle au sentiment