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dans l’attente d’aumônes spontanées et de richesses éparpillées partout dans la poussière.

Le chariot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue. Soudain, alors, tu tendis ta main droite et dis : « Qu’as-tu à me donner ? »

Ah ! quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurai perplexe ; enfin de ma besace, je tirai lentement un tout petit grain de blé et te le donnai.

Mais combien fut grande ma surprise lorsque, à la fin du jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas des pauvres grains. Je pleurai amèrement alors et pensai : Que n’ai-je eu le cœur de te donner mon tout.


Cette poésie se rattache, d’autre part, à une longue suite dont je vous reparlerai bientôt — que l’on pourrait détacher du Gitanjali comme on pourrait détacher, du Buch der lieder de Heine, la suite du Heimkher ou le Lyrisches Intermezzo, et auquel on donnerait volontiers le titre un peu suranné de la poésie de Musset — L’espoir en Dieu — ou plus proprement encore L’attente de Dieu.

Il semble que ce soit la mise en poèmes, en