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autre prophétesse du pays des Cattes, qui prédit à Vitellius que son règne serait long et heureux, s’il survivait à sa mère.

Des déesses créées par eux-mêmes. Caligula voulant faire de sa sœur une déesse, ordonna aux sénateurs d’en délibérer : le sénateur Livius Geminius jura qu’il l’avait vue monter au ciel, et fut gratifié d’un million de sesterces. — Cléopâtre ne paraissait en public que vêtue de la robe consacrée à Isis ; elle se faisait appeler la jeune Isis. Cette folie grossière d’usurper le nom et les emblèmes des dieux fut commune à plusieurs autres empereurs. Caligula, Néron, Domitien, affectèrent les honneurs divins avec une insolence inouïe. (Vie privée des empereurs romains.)

IX. Mercure, dieu du commerce. Les Romains donnaient les noms de leurs divinités aux dieux des autres peuples qui avaient les mêmes attributions.

Des victimes humaines. Les anciens parlent souvent de ces barbares sacrifices, comme étant communs aux Gaulois et aux Germains ; je remarque que cette férocité subsista dans les âges suivans. Procope nous apprend (liv. ii, ch. 25 de la Guerre des Goths), que les Français, déjà convertis au christianisme, immolèrent des victimes humaines jusqu’au siècle où il vivait ; et Dithmar (liv. i) rapporte que les Normands et les Danois sacrifiaient à leurs dieux, au mois de janvier de chaque année, jusqu’à quatre-vingt-dix-neuf victimes humaines, avec autant de chiens, de chevaux et de coqs. Henri l’Oiseleur détruisit cet abominable usage.

Une partie des Suèves sacrifie aussi à Isis. Quelques personnes pensent que le nom moderne de Paris vient d’un temple consacré à Isis dans le voisinage de cette capitale, παρ’Ίσιν. Les armes de Paris sont un navire, et l’on sait que la déesse Isis était représentée tenant un navire dans sa main, comme protectrice de la navigation. Une statue d’Isis a été, dit-on, conservée avec grand soin dans l’église de Saint-Germain, jusqu’au commencement du seizième siècle. M. Petit-Radel, consulté par le préfet de la Seine sur le titre des armoiries de Paris, a proposé les anciennes. On avait écrit depuis long-temps pour et contre l’opinion qui fait dériver du culte d’Isis, et le nom des Parisii, et le symbole de la nef qui, dès le treizième siècle, faisait la pièce principale de leurs armoiries. M. Petit-Radel rétablit la première opinion dans