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et beaucoup passèrent avec eux dans la Terre-Sainte. Tout ceci était bien opposé aux mœurs des Romains. Voyez dans les Annales de Tacite, liv. iv, les plaintes du sénat sur ce que les généraux se faisaient suivre par leurs épouses. Les Germains pénétrèrent jusque dans l’Italie, furent près de s’emparer de la ville d’Aquilée, et détruisirent celle d’Opitergium ; ils eurent entre les mains plus de soixante mille captifs romains enlevés dans des courses ou pris dans des actions. En général ils montrèrent un courage et une obstination indomptables, et sur un champ de bataille on trouva parmi leurs morts des femmes soldats, qui avaient péri les armes à la main.

De compter et de sucer leurs plaies. Ceci prépara les mœurs de la chevalerie. Les dames désarmaient les chevaliers, lavaient le sang et la poussière dont ils étaient couverts, et pansaient leurs blessures. Regner Lodbrog, roi de Danemarck, avait dans ses troupes des femmes prêtes à panser les blessés, et auxquelles leurs mères avaient appris à guérir les blessures les plus dangereuses. — Yseult, fille du roi d’Angleterre, était la plus charmante princesse qui fut alors dans l’univers, et la plus habile dans l’art de guérir les plus dangereuses blessures. (Tristan le Léonois.)

VIII. Et de prophétique. On croit avec raison que ces devineresses sont l’original de nos fées, et leurs prétendus prodiges le canevas de toutes les merveilles de la féerie. (Labletterie.)

Ils n’en dédaignent point les avis. Plutarque, dans le livre sur les vertus des femmes, dit des Celtes ou Germains : « Ils délibèrent avec leurs femmes touchant la paix ou la guerre ; c’est par elles qu’ils éclaircissent les difficultés qui s’élèvent entre eux. »

Véléda. Tacite en a parlé (Hist., ch. iv, lxi, lxv.) Cette femme, au rapport de Stace (Silv. i, 4, 89), fut prise et conduite en triomphe. Ganna, qui lui succéda dans l’art de la divination, fut, selon Dion (in Frag., cap. xlix., 67, 5), appelée auprès de Domitien, qui lui fit des présens. Véléda, femme bructère, eut beaucoup de part au projet que forma Civilis de chasser les Romains de la Gaule. Rutilius Gallicus la fit prisonnière et la mena à Rome. Elle vivait retirée dans une tour élevée. Il y eut une