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Les peuples germains, dans leurs émigrations et par leurs établissemens, que précédèrent tant de ravages, apportèrent à la Gaule, à l’Italie et à l’Espagne, des usages que les siècles n’ont pas encore effacés, et ont imprimé à leurs lois et à leurs gouvernemens un caractère qui subsiste, même encore aujourd’hui, plus ou moins fidèlement conservé, et que l’on reconnaît presque en entier dans les commencemens de la monarchie française.

Ceux de ces peuples qui restèrent dans leur patrie y ont maintenu leurs coutumes, que l’on retrouve encore aujourd’hui plus ou moins altérées[1] ; leurs mœurs présentent aussi quelques rapprochemens avec celles des différentes nations sauvages de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique.

J’ai eu pour but dans cet ouvrage d’établir quelques-uns de ces rapprochemens, et de marquer en même temps ce que Tacite s’est proposé de blâmer dans le siècle où il écrivait, et de louer dans les premiers temps de la république. C’est ainsi que sera confirmé le jugement prononcé sur cet ouvrage de Tacite par l’illustre Montesquieu, jugement que j’ai pris pour épigraphe, et qui m’a conduit à la plupart de ces recherches.

Il serait inutile de faire l’éloge de ce chef-d’œuvre : l’antiquité n’en a produit nul autre de ce genre, et il n’en a point paru dans les temps modernes qui lui soit comparable : aucun autre ouvrage des anciens n’a été

  1. Voyez le Voyage dans le Saterland, l’Ost-Frise, par J. Hoche ; Brème, 1800. Ce voyage, écrit en allemand, n’a pas été traduit.