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INTRODUCTION.

Tacite, en écrivant cet ouvrage sur les Germains, et en traçant les mœurs de ces peuples, avait les yeux sur les Romains, dont il a fait connaître l’histoire au temps où il existait : peignant avec vérité ces nations encore sauvages et dans l’enfance, et sans vouloir les placer au dessus des peuples polis par la civilisation, il reproche indirectement aux Romains leurs dissolutions et leur oubli des usages antiques ; il ne loue point cependant ces Barbares avec complaisance, il célèbre leurs défaites et se réjouit de leurs discordes : mais Tacite, aimant sa patrie comme les premiers Romains l’avaient aimée, y voulait rappeler les vertus qui fondèrent sa puissance, et la ramener à la sévérité de ses premières coutumes. En même temps que cet ouvrage sur les Germains est la satire de la dissolution des mœurs romaines, il est un éloge des mœurs austères et pures qui établirent la grandeur de la république, tandis que leur dépravation amena successivement sa décadence, dont Tacite indique déjà la plupart des causes ; ainsi la pensée se reporte au moment de cette grande catastrophe, et une lecture réfléchie de cet écrit peut faire embrasser, pour ainsi dire à la fois, ces trois grandes époques de l’histoire de la république romaine.