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l’enfance, la passion de la jeunesse, c’est encore l’exercice des vieillards. Les chevaux font partie de la succession, comme les esclaves et les maisons : celui qui les obtient n’est pas, ainsi que pour le reste, le fils le plus âgé ; c’est le plus intrépide au combat et le plus habile dans l’équitation.

XXXIII. Près des Tenctères, on trouvait jadis les Bructères, aujourd’hui les Chamaves et les Angrivariens venus, dit-on, s’établir sur leur territoire. Les Bructères furent chassés et entièrement massacrés par une ligue des nations voisines, soit en haine de leur orgueil, soit par appât du butin, soit par une faveur des dieux pour nous ; car ils nous firent même jouir du spectacle de ce combat : plus de soixante mille de ces barbares succombèrent, non pas sous les armes et sous les traits des Romains, mais, ce qui est plus admirable, devant nos propres yeux et pour notre seul plaisir. Puissent durer à jamais dans le cœur de ces nations, à défaut d’affection pour nous, ces haines contre elles-mêmes ! Car notre empire s’étant élevé au faîte de ses destinées, désormais la fortune ne peut rien nous offrir de plus que les discordes de nos ennemis.

XXXIV. Les Angrivariens et les Chamaves ont derrière eux les Dulgibins, les Chasuares et d’autres nations moins connues : devant, sont les Frisons, que l’on distingue en grands et en petits Frisons, d’après leurs forces. Ces deux peuplades sont bordées jusqu’à l’Océan par le Rhin : on trouve dans l’intérieur des lacs immenses où les flottes romaines ont navigué ; nous avons même tenté de pénétrer par là jusqu’à l’Océan. La renommée avait publié qu’il se trouvait de ce côté de nouvelles colonnes d’Hercule, soit qu’Hercule ait visité ces