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L’épouse n’apporte point de dot au mari, mais le mari à son épouse. Le père, la mère, et les proches, placés entre les époux, sont chargés d’agréer les présens de noces. Ces présens ne sont pas ces objets, délices de nos femmes, ni ces parures dont une nouvelle mariée se décore ; c’est un couple de bœufs, un cheval avec son frein, un bouclier avec la framée et le glaive. Avec ces présens un époux est accepté, et l’épouse à son tour offre quelques armes à son mari. Tels sont les garans sacrés et mystérieux de leur union, tels sont leurs dieux d’hyménée, et pour que la femme ne se croie point étrangère aux idées de courage, étrangère même aux hasards des combats, ces auspices, sous lesquels commence son union, lui apprennent qu’elle vient s’associer aux travaux et aux périls ; qu’elle doit, dans la paix, dans la guerre, souffrir et oser autant que son époux ; ces bœufs unis, ce cheval équipé, ces armes offertes, lui annoncent qu’ainsi il lui faudra vivre, ainsi mourir ; qu’elle reçoit ce dépôt pour le rendre sans tache à ses fils, et par eux à ses brus, qui le transmettront dignement à ses descendans.

XIX. Elles vivent donc environnées, protégées par la vertu ; aucune des séductions de nos spectacles, aucune des sensualités de nos festins ne les corrompent. Hommes et femmes ignorent également le commerce mystérieux des lettres, et, dans une— si nombreuse nation, il est très-peu d’adultères : la punition en est soudaine, et l’époux l’inflige lui-même : les cheveux coupés, nue, en présence des parens, la coupable est chassée de la maison par son mari, qui la conduit à travers toute la bourgade, en la frappant de verges. La femme dont la pudeur s’est prostituée n’obtient aucun pardon : ni