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de fumier : c’est un refuge contre l’hiver, c’est un lieu de dépôt pour leurs grains. Le froid n’y peut pénétrer ; et si par hasard l’ennemi survient, il ravage le pays découvert ; mais ces provisions cachées et enfouies, ou sont inaperçues, ou le déroûtent par la nécessité de les chercher.

XVII. Le vêtement de tous est une saye fixée par une agrafe, ou, s’ils en manquent, par une épine ; nus du reste, ils passent tout le jour près de leur foyer. Les plus riches se distinguent par un habillement qui ne flotte pas comme celui des Sarmates et des Parthes, mais qui est étroit et dessine toutes les formes. Ils se revêtent aussi de peaux des bêtes : les plus voisins du Rhin n’en font jamais une parure ; mais les peuplades plus éloignées y apportent une sorte de recherche, ne pouvant se procurer par le commerce aucun autre vêtement. Ils font choix de certains animaux, en détachent les fourrures, qu’ils parsèment de taches, et y fixent des portions de peaux de divers monstres marins que produit l’Océan ultérieur et une autre mer inconnue.

L’habillement des femmes est le même que celui des hommes ; seulement les femmes se couvrent le plus souvent de manteaux de lin, variés d’un mélange de pourpre. La partie supérieure de leur vêtement n’a pas de manches, leurs bras sont nus jusqu’à l’épaule, et le haut de leur sein reste à découvert.

XVIII. Toutefois les unions sont chastes, et à cet égard leurs mœurs méritent les plus grands éloges : car ils sont presque les seuls de tous les barbares qui se contentent d’une seule épouse ; à peine quelques-uns d’entre eux, non point par incontinence, mais pour augmenter leur noblesse, forment plusieurs alliances.