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imbue aussitôt cette âme neuve et tendre ; et personne dans toute la maison ne porte de sollicitude à ce qui est ou dit ou fait devant l’enfant, chef futur de maison. Quelquefois même ce sont les parens qui l’habituent, non pas à la vertu et à la modestie, mais à une licence et à un désordre qui peu à peu font germer l’impudeur et le mépris de soi et d’autrui. Déjà même il est des vices particuliers et inhérens à cette ville, et qui semblent naître dans le sein maternel : tels sont la passion pour les histrions et l’amour pour les chevaux et les gladiateurs, passions qui obsèdent et occupent l’âme, au point de ne laisser que bien peu de place pour les arts honnêtes. Combien peu de jeunes gens tiennent chez eux d’autres discours ! si nous entrons dans les écoles, entendons-nous autre chose ? Les maîtres eux-mêmes n’ont guère d’autres conversations avec leurs auditeurs ; car ils accaparent des élèves, non par la sévérité, la discipline, leurs talens reconnus, mais par les intrigues et les amorces de la flatterie. Je passe sur les premiers élémens d’instruction, dont on s’occupe trop peu : on donne peu de temps à la lecture des auteurs, à l’étude de l’antiquité, à la connaissance des choses, des hommes et des temps ; mais 011 court à des gens qu’on nomme des rhéteurs. A quelle époque leur profession fut-elle introduite dans cette ville ? combien peu de cas en ont fait nos ancêtres ? Je vous le dirai aussitôt.

XXX. Il est nécessaire de reporter ma pensée vers ces études sévères auxquelles se livraient les orateurs dont