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point sans doute que Cassius Severus, le seul qu’Aper ait osé nommer, si on le compare à ceux qui le suivirent, ne puisse être appelé orateur, quoiqu’en la plus grande partie de ses écrits il y ait plus de véhémence que de solidité : car, méprisant le premier tout ordre dans les choses, dédaignant la modestie et la pudeur dans les paroles, mal revêtu des armes choisies par lui-même, ne s’étudiant qu’à frapper, et toujours à découvert, il ne combat pas, il querelle. Du reste, comme je l’ai dit, comparé à ses successeurs, il s’élève de beaucoup au dessus d’eux et par la variété de son érudition, et par les grâces de son enjouement, et par l’ensemble vigoureux de ces moyens. Aussi Aper n’a-t-il osé en nommer aucun et l’amener sur le terrain. Pour moi, je m’attendais qu’ayant attaqué Asinius, Célius et Calvus, il ferait apparaître sur le rang opposé un plus grand ou du moins un même nombre d’adversaires, pour que nous les opposions, celui-ci à Cicéron, celui-là à César, et enfin chacun à chacun. Maintenant, content d’avoir dénigré nominativement les anciens orateurs, il n’a osé louer les nouveaux qu’en masse et en commun, craignant, je crois, de blesser trop de réputations en n’en signalant que peu. Combien de rhéteurs, en effet, dans leur propre persuasion, se placent avant Cicéron, qui devraient se placer bien après Gabinianus !

XXVII. Quant à moi, je ne craindrai pas de les désigner individuellement, pour qu’il apparaisse plus évi-