Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/325

Cette page n’a pas encore été corrigée

au forum, aux plaidoiries, à devrais combats ; quand surtout tu ne peux recourir à cet argument, invoqué si souvent, que Fart du poète est moins exposé à offenser que celui de l’orateur. C’est faire briller tout l’éclat de ton beau naturel, et pourtant ce n’est pas pour attaquer un ami, mais, ce qui est bien plus dangereux, c’est Caton que tu offenses ; et cette offense n’a pour excuse ni l’exigence du devoir, ni le besoin de la cause, ni l’impétuosité hardie d’une improvisation subite. Tu parais avoir choisi avec méditation un personnage notable, dont la parole fasse autorité. Je sais ce qu’on peut répondre : de là naissent cet assentiment général, ces applaudissemens de tous les auditeurs, et bientôt ces échos répétés par toutes les bouches. Ne donne donc plus pour excuses et ton repos et ta sécurité, puisque tu attaques un adversaire qui te vaincra. C’est assez pour nous de défendre les intérêts privés et de notre siècle : si, dans nos expressions, un ami en péril nous force à blesser l’oreille du pouvoir, on excusera la liberté, on louera le zèle.

XI. Dès qu’Aper eut terminé son discours d’un ton âpre et accentué, suivant sa coutume, calme et souriant Maternus répondit : Je me suis préparé à faire le procès aux orateurs non moins long-temps qu’Aper en a fait l’éloge ; je m’attendais même qu’après sa digression toute louangère, il en viendrait à déblatérer contre les poètes