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les avantages qu’il leur a accordés, et qu’il lui est si aisé d’accumuler pour lui-même et de déverser à autrui ; mais que Marcellus et Crispus ont apporté à son amitié des titres qu’ils n’ont point reçus du prince, et qui n’en pouvaient être reçus. Parmi tant et de si grands biens, à peine est-il une place pour des images, des titres, des statues, que toutefois l’on ne dédaigne point, pas plus que la fortune et les richesses, sur lesquelles on jette si facilement tant de blâme, mais peu de dédains. Eh bien, ces honneurs, ces décorations, ce crédit, nous les voyons affluer dans les maisons de ceux qui, dès leur adolescence, se sont adonnés aux causes du forum et aux études oratoires.

IX. Mais la poésie, les vers, auxquels Maternus désire de consacrer sa vie entière, car de là vient tout ce discours, ne donnent aucune dignité à leurs auteurs, ne les mènent à aucun but utile. Un plaisir bien court, une louange vaine et sans fruit, voilà ce qu ? ils acquièrent. Peut-être mes paroles et celles que je vais y ajouter fatiguent tes oreilles, Maternus ? A quoi bon qu’en tes vers parlent éloquemment Jason ou Agamemnon ? quelqu’un, par toi défendu, en retourne-t-il en sa demeure ton obligé ? Notre Saleius est un poète excellent, ou, si l’on veut un titre plus magnifique, c’est le plus illustre amant des Muses : qui le salue ou l’accompagne ? Mais si son ami, si son parent, si enfin lui-même a quelque affaire sur les bras, il recourra à Secundus, ou à toi, Maternus, non parce que tu es poète, ni afin que tu fasses des vers pour sa cause, car les vers