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hortes, rivalisent de zèle et d’impétuosité, massacrent tous les ennemis qu’elles approchent, et, dans la précipitation de la victoire, en laissent beaucoup demi-morts ou sans blessures. Pendant que la cavalerie des Bretons fuyait, leurs chars vinrent se mêler aux fantassins qui combattaient ; et, quoique d’abord ils y eussent jeté quelque épouvante, ils furent toutefois arrêtés par les bataillons serrés des Romains et par l’inégalité du terrain : aussi ce combat n’offrit-il point du tout l’aspect d’une attaque de cavalerie. D’un côté, des soldats, placés sur la pente de la montagne, étaient poussés par le choc de leur propre cavalerie ; d’un autre, des chars errant à l’aventure, des chevaux épouvantés et sans guide, se précipitaient, dans toutes les directions, sur tous ceux que la frayeur leur présentait.

XXXVII. Alors ceux des Bretons qui, sans avoir encore pris part au combat, couvraient les sommets des collines, et, tranquilles, méprisaient le petit nombre des nôtres, commencèrent à descendre peu à peu ; et ils allaient envelopper les derrières des vainqueurs, si, craignant cela même, Agricola n’eût opposé à leur rencontre quatre ailes de cavalerie, réservées pour les besoins subits du combat. Les ennemis furent culbutés et mis en déroute avec d’autant plus de vigueur, qu’ils étaient accourus de leur côté avec plus d’orgueil et de confiance. Ainsi le dessein des Bretons tourna contre eux-mêmes ; et notre cavalerie, quittant, par ordre du général, le front de bataille, fondit sur les derrières des lignes ennemies. Mais alors, dans une vaste étendue, ce fut un grand et horrible spectacle de voir les Romains poursuivre, blesser, saisir des Bretons, puis les égorger sitôt que d’autres se présentaient : et parmi nos enne-