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en plusieurs troupes. Craignant que, par la supériorité du nombre et la connaissance des lieux, ils ne parviennent à l’entourer, il divise son armée en trois parties, et lui-même marche en avant.

XXVI. Dès que cela fut connu des ennemis, changeant aussitôt de projet, ils vinrent tous à la fois attaquer de nuit la neuvième légion, qu’ils savaient la plus faible, et, ayant au milieu du sommeil et de la consternation égorgé les sentinelles, ils pénétrèrent. Déjà ils combattaient dans le camp même, lorsque Agricola, instruit par ses éclaireurs de la marche de l’ennemi, s’attache à leurs traces, ordonne aux plus alertes de ses cavaliers et de ses fantassins de se précipiter sur ses derrières, puis de pousser un grand cri tous ensemble. Aux premières lueurs du jour brillent nos étendards : les Bretons sont effrayés de ce double danger. Le courage revint aux Romains, et, assurés de leur salut, ils combattirent pour la gloire ; bien plus, ils devinrent agresseurs et se précipitèrent. Le combat fut terrible au passage même des portes, jusqu’à ce que les ennemis fussent entièrement repoussés par nos deux troupes, qui voulaient, l’une, paraître avoir fourni un secours nécessaire, l’autre, n’avoir pas eu besoin de renfort. Si les marais et les bois n’eussent couvert les fuyards, la guerre était terminée par cette victoire.

XXVII. Fière de son intrépidité et de sa gloire, l’armée criait, en frémissant, qu’il n’y avait rien d’inaccessible à sa valeur ; qu’il fallait pénétrer dans la Calédonie, et trouver enfin l’extrémité de la Bretagne par une suite rapide de combats : et ces hommes, tout-à-l’heure réservés et prudents, se montraient hardis après l’événement, et en parlaient avec jactance. Tel est, dans