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fixé. Des chemins détournés et des régions lointaines étaient indiqués aux cités pour qu’elles fissent leurs transports, non pas aux quartiers les plus voisins, mais en des pays éloignés et presque inabordables, jusqu’à ce qu’ainsi, ce qui eût été convenable pour tous, fût devenu lucratif pour quelques-uns.

XX. En réprimant aussitôt ces abus dès la première année, il fit estimer et honorer la paix, qui, soit par l’incurie, soit par la mollesse de ses prédécesseurs, n’était pas moins redoutée que la guerre. Mais, dès que l’été fut arrivé, il rassemble l’armée, loue, dans les marches, la subordination des soldats, contient ceux qui s’écartent, prend lui-même des positions pour ses campements, reconnaît lui-même les marais et les bois, ne souffre cependant nul repos chez les ennemis, qu’il désole par des incursions subites ; et, quand il a assez effrayé, dès lors il les ménage, et excite en eux tous les désirs de la paix. Par ces moyens, beaucoup de cités, qui jusqu’à ce jour avaient traité en égales, donnèrent des otages, déposèrent tout ressentiment, et furent cernées par des forts et des garnisons avec tant d’intelligence et de soins, que jamais auparavant aucune partie nouvellement conquise de la Bretagne n’avait été si peu inquiétée.

XXI. L’hiver suivant fut employé en dispositions des plus salutaires. Et en effet, pour que ces hommes épars et grossiers, et par là même toujours prêts à la guerre, s’accoutumassent à la tranquillité et au repos par les plaisirs, il les exhortait particulièrement, les aidait des deniers publics à construire des temples, des forums, des maisons, louant les actifs, excitant les indolents. Ainsi une émulation honorable tint lieu de contrainte. Déjà il faisait instruire les fils des principaux Bretons