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dans ses savans et dans ses réformateurs, dans les familles et dans des peuples entiers.

Ce fut au commencement du dernier siècle particulièrement que le caractère national commença à s’altérer. L’influence des mœurs des cours allemandes, leurs relations, le commerce, les passages des troupes, l’adoption des modes étrangères et la prédilection du grand Frédéric pour les Français, ont changé en beaucoup de points le caractère germanique.

Les Germains doivent leur existence, non pas à l’établissement d’une colonie, mais peut-être à la première, à la plus reculée des émigrations des peuples.

Ils se distinguent aujourd’hui même par une constitution physique toute particulière. On trouve chez eux encore ces yeux bleus, cette chevelure blonde, ces corps robustes, le courage, la persévérance, la chasteté et l’amour de la liberté. Ils ont été vaincus par des nations étrangères, mais ils l’ont été parce que l’esprit d’indépendance a fait naître parmi eux la désunion, qui, dans tous les temps, a été la cause de leur faiblesse.

Le tableau que Tacite a fait de la Germanie a conservé, sous le rapport géographique, une ressemblance et une fidélité parfaites. Les noms des peuples, des rivières, des forêts que cet historien indique, existent encore aujourd’hui ; si d’autres dénominations ne s’expliquent pas aussi bien par la seule connaissance du latin, elles sont entendues au moins de ceux qui savent la langue allemande.

Malgré les changemens, les mélanges et les migrations qui ont eu lieu parmi les Germains depuis leurs