Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’honneur pour toutes les dettes de jeu, que nous regardons encore comme les plus sacrées de toutes les dettes. La bonne foi et la loyauté étaient le caractère de ces peuples, et ce caractère s’est conservé jusqu’à nous. Les plus grands reproches que se font les héros dans les romans de chevalerie, sont ceux de déloyal, de chevalier félon, parjure à sa foy, mensongier, couard, et foy mentie. (De Sainte-Palaye, t. i, p. 77.)

XXV. Leurs autres esclaves ne servent pas comme les nôtres. Il y a deux sortes de servitude : la réelle et la personnelle. La réelle est celle qui attache l’esclave au fonds de terre. C’est ainsi qu’étaient les esclaves chez les Germains. Au rapport de Tacite, iis n’avaient point d’offices dans la maison ; ils rendaient à leurs maîtres une certaine quantité de blé, de bétail ou d’étoffe. Cette espèce de servitude est encore établie en Hongrie, en Bohême, et. dans plusieurs endroits de la Basse-Allemagne. Les peuples simples n’ont qu’un esclavage réel, parce que leurs femmes et leurs enfans font les travaux domestiques. Les peuples voluptueux ont un esclavage personnel, parce que le luxe demande le service des esclaves dans la maison. Vous ne pourriez, dit Tacite, distinguer le maître de l’esclave par les délices de la vie. (Esprit des lois, liv. xv, chap. 10.)

Le maître exige seulement. En lisant les monumens de nos premiers rois capétiens, il parait que les deux tiers du royaume étaient serfs de corps et de biens, ou, du moins, serfs de biens. Personne n’ignore qu’on appelait alors serfs de biens ou d’héritages ceux qui tenaient de quelque seigneur une portion de terre qu’il ne pouvait pas leur ôter arbitrairement, à condition de la bien tenir en valeur, et de payer à ce seigneur une redevance fixe. (Hist. de l’établiss. des Francs dans les Gaules, par le président Hénault, tom. ii, pag. 45.) — Le nombre des serfs chez toutes les nations de l’Europe était prodigieux. En France, au commencement de la troisième race, la plus grande partie de la classe inférieure du peuple était réduite à cette condition. (Esprit des lois, liv. xxx, chap. 11.)

La servitude ne va pas au delà. Les nations simples et qui s’attachent elles-mêmes au travail ont plus de douceur pour leurs esclaves que celles qui y ont renoncé… Mais lorsque les Romains