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d’Auguste mettait les histrions à l’abri des verges, et que les paroles d’Auguste étaient pour Tibère des lois inviolables. On fit plusieurs règlements pour borner le salaire des pantomimes et réprimer la licence de leurs partisans : les plus remarquables détendaient aux sénateurs d’entrer dans les maisons des pantomimes, aux chevaliers de leur faire cortège en public à eux-mêmes de donner des représentations ailleurs qu’au théâtre. Les préteurs furent autorisés à punir de l’exil tout spectateur qui troublerait l’ordre.

LXXVIII. La permission d’élever un temple à Auguste dans la colonie de Tarragone fut accordée aux Espagnols, et ce fut un exemple pour toutes les provinces. Le peuple demandait la suppression du centième imposé sur les ventes depuis les guerres civiles. Tibère déclara par un édit que ce revenu était la seule ressource du trésor militaire, et que même il ne suffirait pas, si la vétérance n’était reculée jusqu’à la vingtième année de service. Ainsi les concessions onéreuses arrachées par la dernière sédition, et qui fixaient le congé à seize ans, furent révoquées pour l’avenir.

LXXIX. Le sénat examina ensuite, sur le rapport d’Arruntius et d’Atéius, si, afin de prévenir les débordements du Tibre, on donnerait un autre écoulement aux lacs et aux rivières qui le grossissent. On entendit les députations des municipes et des colonies. Les Florentins demandaient en grâce que le Clanis ne fût pas détourné de son lit pour être rejeté dans l’Arno, ce qui causerait leur ruine. Ceux d’Intéramne[1] parlèrent dans le même sens : « On allait, disaient-ils, abîmer sous les eaux et changer en des marais stagnants les plus fertiles campagnes de l’Italie, si l’on ne renonçait pas au projet de diviser le Nar en petits ruisseaux. » Réate[2] ne se taisait pas sur le danger de fermer l’issue par où le lac Vélin se décharge dans le Nar : « Bientôt ce lac inonderait les plaines environnantes. La nature avait sagement pourvu aux intérêts des mortels, en marquant aux rivières leurs routes et leurs embouchures, le commencement et la fin de leur cours. Quelque respect aussi était dû à la religion des alliés, chez qui les fleuves de la patrie avaient un culte, des bois sacrés, des autels ; le Tibre lui-même, déshérité du tribut des ondes voisines, s’indignerait de couler moins glorieux. » Les prières des villes ou la difficulté des

  1. Terni, dans l’Ombrie, sur le Nar, aujourd’hui la Néra.
  2. Maintenant Riétin au pays des Sabins, près du lacus Velinus.