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la seconde menaçait l’Italie. Laquelle visiter de préférence, sans faire à l’autre un affront dont elle s’indignerait ? Mais il pouvait par ses fils les visiter toutes les deux à la fois, sans commettre la majesté suprême, qui de loin impose plus de respect. On excuserait d’ailleurs les jeunes Césars de renvoyer quelque chose à la décision de leur père ; et, si les rebelles résistaient à Germanicus ou à Drusus, lui-même pourrait encore les apaiser ou les réduire ; mais quelle ressource, s’ils avaient une fois bravé l’empereur ? " Au reste, comme s’il eût dû partir à chaque instant, il nomma sa suite, fit rassembler des bagages, équiper des vaisseaux ; puis, prétextant un jour la saison, un autre les affaires, il tint dans l’erreur d’abord jusqu’aux plus clairvoyants, ensuite la multitude, et très longtemps les provinces.

XLVIII. Cependant Germanicus avait déjà réuni son armée, et tout prêt pour le châtiment des rebelles. Voulant toutefois leur donner le temps d’imiter un exemple récent et de prendre eux-mêmes leur parti, il écrit à Cécina qu’il arrive en force, et que, si l’on ne prévient pas sa justice par la punition des coupables, le fer n’épargnera personne. Cécina lit secrètement cette lettre aux porte-enseigne des légions et des cohortes, et à la plus saine partie des soldats. Il les exhorte à sauver l’armée de l’infamie, à se sauver eux-mêmes de la mort:« car, en paix, chacun est traité selon son mérite et ses œuvres; une foi la guerre allumée, l’innocent périt avec le criminel. » Ceux-ci sondent adroitement les esprits, et, s’étant assurés de la fidélité du plus grand nombre, ils fixent un jour avec le lieutenant, pour tomber l’épée à la main, sur ce qu’il y avait de plus pervers et de plus séditieux. Au signal convenu, ils se jettent dans les tentes, égorgent sans qu’on ait le temps de se reconnaître, et sans que personne, excepté ceux qui étaient dans le secret, sache comment le massacre a commencé, ni quand il finira.

XLIX. Ce fut un spectacle tel que nulle autre guerre civile n’en offrit de pareil. Les combattants ne s’avancent point, de deux camps opposés, sur un champ de bataille : c’est au sortir des mêmes lits, après avoir mangé la veille aux mêmes tables, goûté ensemble le repos de la nuit, qu’ils se divisent et s’attaquent. Les traits volent, on entend les cris, on voit le sang et les blessures ; la cause, on l’ignore. Le hasard conduisit le reste; et quelques soldats fidèles périront comme les autres, quand les coupables, comprenant à qui l’on faisait la guerre,