par leur agrément et leur salubrité, attiraient une foule d’étrangers36. Enfin, il envoie l’ordre aux auxiliaires cantonnés en Rhétie d’attaquer les Helvétiens par derrière, pendant que la légion les combattrait en face.
- 36. Baden, sur la Limmat, dans le canton d’Argovie, à cinq lieues environ de Zurich. Il y a encore aujourd’hui en cet endroit des eaux thermales, et on y trouve des médailles et des antiquités romaines.
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Intrépides avant le moment critique, les Helvétiens tremblèrent à la vue du péril. Dans le premier tumulte, ils avaient nommé Claudius Sévérus général ; mais ils ne savaient ni manier leurs armes, ni garder leurs rangs, ni agir de concert. Un combat avec de vieilles troupes était leur perte ; un siège ne se pouvait guère soutenir derrière des murs tombant de vétusté. D’un côté, Cécina les pressait avec une puissante armée ; de l’autre, s’avançaient les escadrons et les cohortes de Rhétie, soutenus de la jeunesse même de ce canton, qui était aguerrie et formée aux exercices militaires. Ce n’était partout que dévastation et carnage. Dans ce vaste désordre, errant à l’aventure, jetant leurs armes les Helvétiens, en grande partie blessés ou épars, se réfugièrent sur le mont Vocétius37. Une cohorte de Thraces détachée contre eux les en chassa aussitôt. Dès lors, poursuivis sans relâche par les Germains et les Rhétiens, ils furent massacrés dans les bois et jusque dans les retraites les plus cachées. Plusieurs millier d’hommes furent tués, plusieurs milliers vendus comme esclaves. Après avoir tout détruit, on marchait en bon ordre sur Aventicum38, capitale du pays. Les habitants offrirent, par députés, de se rendre à discrétion, et cette offre fut acceptée. Cécina punit Julius Alpinus, un des principaux de la nation, comme auteur de la guerre. Il réserva les autres à la clémence ou aux rigueurs de Vitellius.
- 37. Suivant D’Anville, c’est le Boetz-Berg, montagne qui fait partie du Jura.
- 38. Aujourd’hui Avenches, à deux lieues et demie de Fribourg.
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On aurait peine à dire si ce fut l’empereur ou le soldat que les Helvétiens trouvèrent le plus inexorable. Les soldats veulent qu’on extermine la nation ; ils dressent la pointe de leurs armes contre le visage des députés, les insultent de la main. Vitellius lui-même n’épargnait ni les gestes ni les paroles menaçantes, quand l’un de ces députés, Claudius Cossus, connu par son éloquence, mais qui sut cacher habilement son art sous un trouble qui le rendit plus puissant, parvint à