de l’empereur seraient ornés de lauriers." Une partie de ces faits anticipe sur le consulat, suivant ; je les ai réunis.
Piété filiale et débuts prometteurs.
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La même année, le prince demanda au sénat une statue pour son père, Cn. Domitius, et les ornements consulaires pour Asconius Labéo, qui avait été son tuteur. On lui offrait à lui-même des statues d’argent ou d’or massif : il les refusa ; et, quoique les sénateurs eussent émis le vœu que désormais le nouvel an s’ouvrit au mois de décembre, où était né le prince, il conserva aux calendes de janvier leur solennel et antique privilège de commencer l’année. Il ne voulut pas qu’on mît en jugement le sénateur Carinas Céler, accusé par un esclave, ni Julius Densus, chevalier romain, auquel on faisait un crime de son attachement à Britannicus.
An 55
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Sous le consulat de Néron et de L. Antistius, comme les magistrats juraient sur les actes des princes, Néron défendit à son collègue de jurer sur les siens : modestie à laquelle le sénat prodigua les éloges, afin que ce jeune cœur, animé par la gloire qui s’attachait aux plus petites choses, s’élevât jusqu’aux grandes. Ce trait fut suivi d’un exemple de douceur envers Plautius Latéranus, chassé du sénat comme coupable d’adultère avec Messaline : Néron le rendit à son ordre, engageant solennellement sa clémence, dans de fréquentes harangues que Sénèque, pour attester la sagesse de ses leçons ou pour faire briller son génie, publiait par la bouche du prince.
Néron amoureux d’Acté
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Cependant le pouvoir d’Agrippine fut ébranlé peu à peu par l’amour auquel son fils s’abandonna pour une affranchie nommée Acté, et l’ascendant que prirent deux jeunes et beaux favoris qu’il mit dans sa confidence, Othon, issu d’une famille consulaire, et Sénécion, fils d’un affranchi du palais. Leur liaison avec le prince, ignorée d’abord, puis vainement combattue par sa mère, était née au sein des plaisirs, et avait acquis, dans d’équivoques et mystérieuses relations, une intimité chaque jour plus étroite. Au reste, ceux même des amis de Néron qui étaient plus sévères ne mettaient pas d’obstacle à son penchant pour Acté ; ce n’était après tout qu’une femme obscure, et les désirs du prince étaient satisfaits sans que personne eût à se plaindre. Car son épouse Octavie joignait en vain la noblesse à la vertu : soit fatalité, soit attrait plus puissant des voluptés défendues, il n’avait que de l’aversion pour elle ; et il était à craindre que, si on lui disputait l’objet de sa fantaisie, il ne portât le déshonneur dans les plus illustres maisons.
Agrippine jalouse
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Mais Agrippine, avec toute l’aigreur d’une femme offensée ;