c’était par le conseil de Tibère ; qu’il avait pu se tromper aussi bien que César ; que la même erreur ne devait pas être pour l’un sans reproche, pour les autres sans pardon ; que sa foi, inviolable jusqu’alors, le serait toujours, si sa sûreté n’était pas menacée ; qu’il regarderait l’envoi d’un successeur comme un arrêt de mort ; qu’ils pouvaient conclure une espèce de traité, par lequel le prince, maître du reste de l’empire, laisserait au général sa province." Ce fait, tout surprenant qu’il est, parut croyable, quand on vit que, de tous les alliés de Séjan, Gétulicus seul conservait sa vie et sa faveur. Chargé de la haine publique et affaibli par les années, Tibère comprit que l’opinion, plus que la force, soutenait sa puissance.
Révolte des Parthes 31
Sous le consulat de C. Cestius et de M. Servilius, quelques grands de la nation des Parthes vinrent à Rome, à l’insu de leur roi Artaban. Fidèle aux Romains et juste envers les siens tant qu’il craignit Germanicus, ce prince ne tarda pas ensuite à braver notre empire et à tyranniser ses peuples. Des guerres faites avec succès aux nations voisines avaient enflé son orgueil ; il méprisait, comme faible et désarmée, la vieillesse de Tibère, et il convoitait l’Arménie. Ce pays ayant perdu son roi Artaxias, Artaban lui imposa l’aîné de ses fils, nommé Arsace ; et, joignant l’insulte à l’usurpation, il envoya réclamer les trésors laissés par Vonon dans la Syrie et la Cilicie. En même temps il parlait des anciennes limites des Perses et des Macédoniens, et menaçait, avec une insolente jactance, de reprendre tout ce qu’avaient possédé Cyrus et Alexandre. Le Parthe dont les conseils contribuèrent le plus à l’envoi d’une députation secrète, fut Sinnacès, également distingué par sa naissance et par ses richesses, et après lui l’eunuque Abdus. Chez les barbares, la qualité d’eunuque n’entraîne point le mépris ; elle conduit même quelquefois au pouvoir. Ces deux hommes s’associèrent d’autres nobles ; et, comme ils ne pouvaient placer sur le trône aucun prince du sang d’Arsace, la plupart ayant été tués par Artaban, et les autres n’étant pas encore sortis de l’enfance, ils demandèrent à Rome Phraate, fils du roi Phraate. "Il ne leur fallait, disaient-ils, qu’un nom et l’aveu de César. Qu’il fût permis à un Arsacide de se montrer sur les bords de l’Euphrate, c’était assez."
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Ce plan entrait dans les vues de Tibère. Fidèle à sa maxime d’employer dans les affaires du dehors la ruse et la politique, sans y engager ses armées, il envoie Phraate, enrichi de présents, à la conquête du trône paternel. Pendant ce temps,