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du sénat un nouveau livre sibyllin, que le quindécemvir Caninius Gallus voulait faire admettre par un sénatus-consulte. Le décret, rendu au moyen du partage3, fut blâmé par une lettre du prince. Tibère y faisait au tribun une légère réprimande, accusant sa jeunesse d’ignorer les anciens usages. Plus sévère pour Gallus, il s’étonnait qu’un homme vieilli dans la science religieuse eût accueilli l’ouvrage d’un auteur incertain, sans consulter son collège, sans le faire lire et juger, suivant la coutume, par les maîtres des rites, et l’eût proposé aux suffrages d’une assemblée presque déserte. Il rappelait en outre une ordonnance d’Auguste, qui, voyant de prétendus oracles publiés chaque jour sous un nom accrédité, fixa un terme pour les porter chez le préteur de la ville, et défendit que personne en pût garder entre ses mains. Un décret semblable avait été rendu chez nos ancêtres après l’incendie du Capitole, au temps de la guerre sociale. Alors on recueillit à Samos, à Ilium, à Érythrée4, en Afrique même, en Sicile, et dans les villes d’Italie, tous les livres sibyllins (soit qu’il ait existé une ou plusieurs Sibylles), et on chargea les prêtres de reconnaître, autant que des hommes pouvaient le faire, quels étaient les véritables. Celui de Gallus fut également soumis à l’examen des quindécemvirs.

   3. Si les opinions étaient suffisamment formées, les partisans de la proposition passaient d’un côté de la salle, les adversaires se rangeaient de l’autre. Si la chose était encore douteuse, on demandait les voix individuellement, et chacun prononçait son avis en le motivant. Le premier mode s’appelait per discessionem le second, per exquisitas sententias, ou encore per relationem.
   4. Ville célèbre d’Ionie, vis-à-vis de l’île de Chio, aujourd’hui Eréthri.
Nouvelles exécutions
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A la fin de l’année périrent Géminius, Celsus et Pompéius, chevaliers