Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
VOYAGE

mes d’autres en troupes un peu plus petits que les premiers. Les Portugais les appellent Boralhos, parce qu’ils ſont de la couleur d’un gris cendré. Je ne parle point de certains gros Oyſeaux qu’on peut appeller à cauſe de leur blancheur Cignes de Mer, non plus que des Corbeaux & des Corneilles que l’on trouve dans ces endroits, ny de certains Oyſeaux qu’on appelle des Fous, peut-eſtre parce qu’ils ſont ſi peu sur leurs gardes, qu’ils se laiſſent prendre à la main.

Le 28. le vent de Nort s’étant beaucoup augmenté, on fut obligé de mettre à la Cape cette nuit, c’est à dire qu’on ſerra toutes les Voiles, excepté une des plus grandes, de peur d’aller donner contre la terre qu’on ne croyoit pas fort éloignée. En effet, le lendemain ſur le midy un Matelot qu’on avoit poſté dans un lieu fort élevé, cria de toute ſa force, terre, terre, & à l’heure même il deſcendit pour prier Monſieur l’Ambaſſadeur de luy donner la récompenſe qu’il avoit promiſe à celuy qui découvriroit la terre le premier. Il aſſûra même qu’il l’avoit déja vuë le matin ſans qu’il eût oſé le dire, n’en eſtant pas bien ſeur, mais que préſentement il n’en pouvoit plus douter : cependant il