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DE SIAM. Livre I.

vions pris plus au large vers l’Occident, nous euſſions rencontré ces lignes plus avant dans la Mer. Ce qui me fait juger que les courans qui les entraînent avec eux, portent du coſté de l’Oüeſt avec plus de violence que du coſté du Nord. Nous trouvâmes les mêmes choſes deux jours aprés eſtre partis du Cap de Bonne-Eſperance, faiſant route à l’Eſt-Sud-Eſt, mais en bien plus grande quantité. Cela continua tout le troiſiéme jour, quoy que nous euſſions bon vent, & que nous euſſions fait beaucoup de chemin.

Oyseaux differens qu’on voie sur Mer approchant du Cap de Bonne-Eſperance.

Les jours ſuivans on vit ces mêmes Oyſeaux en plus grand nombre, qui ne nous quittèrent que bien loin au d-là du Cap. Les uns eſtoient noirs ſur le dos & blancs ſous le ventre, ayant le deſſus des ailes bigaré de ces deux couleurs, à peu prés comme un Echiquier : & c’eſt pour cela ſans doute que nos François les ont ſurnommé Damiers, ils sont un peu plus gros qu’un Pigeon. Il y en a d’autres encore plus grands que les premiers, noirâtres par deſſus, & tout blancs par deſſous, excepté l’extrémité de leurs aîles, qui paroiſt d’un noir velouté, que les Portugais appellent pour cela Mangas de Veludo, manches de velours. Aprés ceux-là nous envi-

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