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DE SIAM. Livre I.

Le dix-septième May nous eſtions au trente-troiſiéme degré de latitude auſtrale & au dix-neufiéme de longitude selon l’eſtime des Pilotes. Ce fut-là que nous commençâmes à voir des oyſeaux de differentes façons & du Goëmon avec de grands roſeaux verdâtres de dix ou douze pieds de long qu’on appelle Trombas ou Trompes, à cauſe que leur tige qui va croiſſant inſensiblement juſques au haut où elle eſt terminée par pluſieurs feuïlles de même couleur, repreſente aſſez bien la figure de la trompe d’un Eléphant. Le Goëmon est une eſpéce d’herbe tirant sur le verd, assez ſemblable au foin, dont les brins sont entrelaſſez les uns dans les autres & fort grands. Quelques-uns croyent que cette herbe vient du fond de la Mer & qu’elle en est détachée par les flots qui la ſoulévent jusques à la superficie de l’eau. Il y en a qui veulent qu’elle croiſſe entre les eaux, parce qu’ils en voyent bien avant en pleine Mer, & ils ne peuvent croire que la Mer soit aſſez agitée pour porter ſes flots juſqu’au fonds & en aller ainsi détacher le Goëmon. Outre qu’il s’en trouve ſur la ſurface de la Mer en ſi grande abondance qu’elle reſſemble à une grande prairie. D’autres enfin soûtien-