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VOYAGE

ils paroiſſent renverſez, & il arrive quelquefois qu’un nuage paſſant par deſſus, & venant à ſe réſoudre en pluye, il ſe forme un ſecond Iris dont les jambes paroiſſent continuées avec celles de l’Iris renverſé & compoſer ainſi un cercle d’Iris preſque tout entier.

La Mer a ſes Phénomènes auſſi bien que l’air, il y paroît ſouvent des feux, ſur tout entre les Tropiques : nous l’avons vûë quelquefois pendant la nuit toute couverte d’étincelles, lors qu’elle eſt un peu grosse & que les vagues ſe brisent : on remarquoit aussi une grande lueur à l’arriere du Navire, particuliérement lors qu’il paſſoit un peu viſte. Car alors le ſillage ou la trace du Navire paroiſſoit comme un fleuve de lumiére, & c’étoit aſſez qu’on jettât quelque choſe dans la Mer pour la rendre toute brillante. Je ne crois pas qu’il faille chercher ailleurs la cauſe de cette lueur que dans la nature même de l’eau de Mer, qui étant pleine de ſel, de nitre, & ſur tout de cette matiére dont les Chimiſtes font la principale partie de leurs Phoſphores, qui étant agitée s’enflame auſſitôt & paroît lumineuse, doit auſſi par la même raison devenir brillante quand on la met en mouvement. Il en faut ſi peu à

Phénomènes qui se voyent dans l’eau de la Mer.