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DE SIAM. Livre I.

ment ainsi, à cauſe de leur couleur blanchâtre. C’est une espece de Bonite, mais trois fois plus groſſe que les autres : la chair, la couleur & le goût sont à peu présde même. Comme les uns & les autres ſont fort friands de poissons volans, on ſe ſert de la figure de ces derniers faite de plumes, qu’on attache au bout d’une ligne, pour les prendre. On fait voltiger cette figure à fleur d’eau devant ces poiſſons qui s’élancent pour l’attraper hors de l’eau avec tant d’avidité, que souvent on en prend trente ou quarante dans une heure de tems avec deux ou trois lignes seulement.

Nous rencontrâmes beaucoup moins de Bonites qu’on ne fait ordinairement, peut-être à cause qu’il n’y avoit pas alors un ſi grand nombre de poiſſons volans dans ces Mers. Nous ne laiſsâmes pourtant pas de voir plusieurs bandes de ceux-ci s’élever en l’air environ huit, ou dix pieds de haut, & voler cinquante ou ſoixante pas, avant que de se replonger dans l’eau pour mouiller leurs ailerons, & prendre de nouvelles forces contre les Bonites, qui ſouvent les attrapent à la rem ise, ou qui ſautent hors de l’eau pour les prendre en volant. Ils trouvent aussi de certains oyſeaux qui ſon-

Manière dont on pêche les Bonites

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