ou ſix degrez au deçà de la ligne. On avoit pris auparavant une eſpece de Tortue qu’on nomme Carrelet peſant ſoixante-dix ou quatre-vingts livres, dont on ſervit à table trois ou quatre fois en divers ragoûts. Pluſieurs la trouvèrent aſſez bonne, d’autres en pouvoient à peine supporter l’odeur. Mais dans toute l’étenduë de douze dégrez ; c’est-à-dire, de ſix-vingts lieuës des deux cotez de la ligne nous vîmes preſque tous les jours une tres-grande quantité de poiſſons de toutes ſortes, & particuliérement des Marſoüins qui nageoient par troupes au tour du Vaiſſeau.
Maniere de pêcher des Marſoüins.
La peſche de ces derniers qui étoit la plus ordinaire ſervoit à nous relâcher l’eſprit aprés l’étude. Il y avoit en quelques endroits du vaiſſeau, & ſur tout à l’avant, pluſieurs Matelots de l’équipage armez chacun d’un harpon qui eſt une eſpéce de gros javelot attaché au bout d’une ligne de la groſſeur du petit doigt. Comme les Marſoüins paſſoient prés d’eux, ils les frappoient avec une telle roideur, qu’ils les perçoient quelquefois de part en part. Dés qu’ils avoient lancé le harpon ils le laiſſoient dans la playe, le tenant toûjours par la ligne qui y étoit attachée & qu’ils laiſſoient filer au gré du poiſſon bleſſé
